• Petite fille

     

    Pour Nora

     

    Je suis assise en tailleur face à la fenêtre de ma chambre. Je regarde les branches des arbres bougées, les feuilles dansées entre elles. Non je ne suis pas fatiguée, non je ne suis pas triste, je regarde simplement. Il y a tellement de choses jolies a regarder mais on ne s'attarde jamais vraiment dessus, je prends le temps d'apprécier cette petite évasion. Le silence règne en maitre, je ne respire pas pendant quelques instants, de peur que le bruit de ma respiration ne vienne déranger le calme. Un petit frisson de joie m'envahie devant une nature si tranquille, si paisible, si douce. Même l'Homme le plus sage ne détient le secret de cette profonde sérénité. D'une pensée rêveuse, je scrute la rangée d'arbres qui orne la forêt. Mon regard se perd jusque dans un monde merveilleux où la contemplation serait la clef du bonheur. 

    J'entends maman qui m'appelle en bas pour venir manger. Je descends les escaliers en trombe. Ça sent drôlement bon, je met le pied sous la table après m'être soigneusement laver les mains. Maman me donne un morceau de poulet ainsi que quelques patates griochées. Ma serviette mise sur les genoux, je mange avec appétit. Une fois le repas fini, j'ai le ventre bien plein. A présent le soleil est couché, l'horloge sonne neuf heures déjà. Je me lève, direction la salle de bain avant d'aller au lit. Demain je dois aider les voisins a emménager, j'espère qu'ils auront des enfants. Je m'ennuie toute seule, papa est parti et maman je la vois que pour manger la plupart du temps. Elle travaille sans arrêt, on que très des moments à nous. Maman vient me dire bonne nuit, puis s'affale sur le canapé du salon où elle y dort en regardant la télé, qui lui tient compagnie. Moi, je vais sous les draps une lampe de torche à la main et commence a lire un livre. C'est une histoire d'amour que j'ai piquée dans la bibliothèque du bureau, moi les histoires d'amour ça me fait rigoler, alors que maman au contraire ça l'a fait pleurer. Mes yeux se ferment alors je pose le livre sur mon chevet avec la lampe et m'endors sans le moindre mal.  

    J'ai bien dormi, même trop, mon réveil indique dix heures. Il faut que je me dépêche si je ne veux pas rater l'arrivée des voisins. Je descends à la cuisine, prends le bol de lait, le verre de jus de fruits et les tartines de confitures que maman m'a préparé tôt ce matin. Après avoir pris le petit déjeuner, j'enfile une robe toute jaune, des bottes en caoutchouc et me tresse mes longs cheveux châtains et me dirige à grandes enjambées vers le chemin qui mène directement chez les voisins. J'empreinte un sentier qui débouche sur une grande maison de bois. Je m'installe sous le porche de l'entrée en attendant impatiemment les voisins qui ne vont plus tarder à présent. Je vois sortir du bois une voiture grise, elle est belle, pas comme notre vieux quatre quatre plus tellement rouge. Elle se gare sur le côté de la maison, j'entends les portières s'ouvrirent. J'accours pour les aider a porter les baguages. Devant moi se dresse un grand homme, sec, le regard vif. Je propose mon aide qu'il refuse immédiatement d'une voix autoritaire en entra à pas cadencés dans leur nouvelle maison. Je salue la dame à sa droite, une petite rousse m'ayant l'air douce et gentille. Derrière elle il y a quelqu'un qui se cache en lui tenant la main. Super, une fille avec qui je vais pouvoir jouer aux poupées que maman vient de m'acheter. Sa mère se dégagea, je fis la grimace en découvrant que la personne tant attendue n'est autre qu'un garçon.

    Je dis à haute voix que j'habite juste en bas du sentier et pars en courant à la maison déçue. Je prends la décision qu'aujourd'hui se sera pique nique près de l'étang. Je me saisie du panier en osier dans le cellier, le couvre d'un torchon et dispose des tranches de pain, du fromage et deux pommes. Le panier fait, je le mets au bras et va en sautillant de trous en trous à l'étang. Une fois bien installée je me fait un sandwich au fromage en donnant le restant des miettes aux canards qui se sont agglutinés autour de moi. Quand j'entends dans mon dos : Et toi ! Je me retourne et voit dans les buissons le garçon qui vient d'aménager. Il fait a peu près ma taille, les yeux bleus, d'épais cheveux bruns avec pleins de tâches de rousseurs tout autour de son nez en trompette. Le problème c'est que je n'aime pas les garçons, la seule chose qu'ils savent faire s'est embrasser les filles sur la bouche et moi je trouve ça vraiment dégoutant. Mais maman m'a toujours dit qu'il faut se montrer poli envers les autres, alors je lui tend l'une de mes pommes. Il la prend, me dit un tout petit merci timide et me demande mon prénom. Moi c'est Ayazu et toi? Il s'en va sans même me répondre à toute vitesse dans le sentier. Il est trop bizarre. Une vraie poule mouillé celui là.

    A mon tour je prends mon autre pomme et la mange sur la route du retour. Il fait si beau, le temps idéal pour une petite chasse aux papillons. Je repose le panier désormais vide sur le meuble de l'entrée et prends mon super filet, direction le champ de fleurs derrière la maison. Quelques minutes seulement après voilà qu'un magnifique spécimen vient se loger dans mon filet, il est orange avec des ailes toutes dentelées. J'observe en détail l'insecte puis le relâche. Le soleil est chaud, je me réfugie au frais sous le grand chêne. Le vent commence a souffler, l'herbe qui recouvre le sol se courbe au rythme du cours en d'air. A la regarder on dirait la mer. Une première goutte d'eau tombe dans le creux de ma main, une seconde sur la joue et en moins de deux l'averse est là. Maman accoure en parapluie.

    - Ca va ma puce tu as passé une bonne journée?

    - Oui oui.

    - Alors ces voisins comment ils sont?

    - Bof.

    - Explique toi?

    - Ils ont un petit garçon.

    - Ah je comprends mieux. Dit-elle en rigolant de bon cœur. Je peux savoir comment s'appel ce fichu garçon?

    - J'en sais rien moi, il n'a pas voulu me le dire. 

    - J'ai pris ma journée demain on y ira leur rendre visite toutes les deux.

    -  Roh non!

    - Fait pas cette tête voyons, je suis sûre qu'ils sont très gentils et que tu t'entendras bien avec leur fils.

    - Bon d'accord.

    - Je t'adore.

    - Moi aussi.

    - Allons faire la cuisine, du riz au caramel comme tu l'aime pour ce soir?

    - Bien entendue. 

    Toutes les deux en s'affairant a préparer le diner, on passe un moment complice pourtant mon cœur est lourd quelqu'un manque à l'appel. Le repas est bien silencieux, mais délicieux, maman a bien réussie le plat malgré sa fatigue flagrante. Elle est toujours bonne cuisinière même si elle ne cuisine plus aussi souvent qu'avant. Je quitte la table après avoir donné un coup de main pour débarrasser. Je me perche sur le rebord de la fenêtre comme à mon habitude pour admirer les étoiles qui ornent le ciel par milliers. Je suis un peu mélancolique ce soir. Trop forte cette maman, elle frappe à la porte comme si elle avait deviner mes pensées. 

    - Je peux rentrer Ayazu?

    - Hum hum ...

    - Toutes ces étoiles ! Tu te souviens quand on s'amusait à les compter ?

    - Oui je m'en souviens avec papa.

    - Ton père me manque tu sais.

    - A moi aussi. 

    - Où qu'il soit sache qu'il t'aime énormément. Allez au lit miss, il est tard.

    - Bonne nuit à demain.

    - Dors bien mon ange. 

     Elle éteint la lumière. Je m'évade dans le pays des songes comme la petite fille que je suis.

     FIN


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